En cette période d'interrogations sur les questions de l'indépendance stratégique, souvent résumée par le terme de "souveraineté", qu'elle soit industrielle, énergétique, numérique, ... le verrouillage des marchés par les acteurs majeurs, souvent étrangers, parfois en situation de quasi-monopole à l'échelle de la planiète, renforce dans nos pays de l'Union Européenne le besoin de technologies dont nous avons le controle total.

En ce qui concerne les technologies du numérique, et en particulier sur la question des infrastructures critiques, comme les systèmes d'exploitation, la 5G, l'Intelligence Artificielle, l'absence d'acteurs européens significateurs, et la molesse historiques de nos investissements dans ce secteur laissent parfois redouter qu'il est trop tard, et que nous ne pourrons jamais recouvrer une pleine maîtrise de ces technologies qui constituent pourtant le socle nécessaire à toute la chaine de valeur des marchés du numérique.

En outre, les questions grandissantes de la protection des données, qu'elles soient personnelles ou professionnelles, montrent à quel point la dépendance à des produits technologiques tiers, que nous ne maitrisons pas dans leurs rouages intîmes, amènent souvent à deux choix possibles : accepter de renoncer à nos valeurs et à la protection des données, ou croire sur parole des discours marketing non démontrés.

Et pourtant, le Logiciel Libre implémente, au travers d'innombrables projets, du plus petit au plus collossal, des socles technologiques entiers, qui peuvent servir de base pour construire, reconstituer et améliorer la plupart des infrastructures technologiques nécessaires à leur maîtrise profonde et complète. Cette maîtrise constitue précisemment une condition nécessaire à la Souveraineté Numérique. L'open source permet aussi la preuve par le code, condition de la confiance que l'on peut porter, ou pas, au traitement acceptable et légal des données personnelles dans les produits et technologies numériques.

On voit apparaître de ces constats qu'une nouvelle politique industrielle allant dans le sens de la reconquête de la souveraineté numérique est possible. Reposant sur la contribution et le savoir-faire, et donc sur une forte montée en compétences de haut niveau, elle serait en outre parfaitement efficiente d'un point de vue économique, et porteuse du développement d'un emploi nombreux et extrêmement qualifié.