19/11/2022 –, A302
Garder le contrôle de ses données est essentiel pour reconquérir sa vie privée et ses libertés sur internet. L'auto-hébergement de ses services est un moyen d'y parvenir, mais administrer et sauvegarder ses données tout seul représente un défi. Cette présentation met en avant le logiciel Garage, qui simplifie ces tâches et permet de collaborer entre hôtes, ainsi que son utilisation au sein de notre structure Deuxfleurs.
Assurer la sauvegarde, l'intégrité, et la disponibilité de données représentent un défi pour quiconque veut auto-héberger ses services. Les CHATONS, c'est-à-dire les hébergeurs indépendants, ne sont pas épargnés ; les grands acteurs d'internet non plus. De plus en plus, le stockage objet est privilégié en lieu et place des hiérarchies de systèmes de fichiers, car il popularise des avantages pratiques pour les administrateurs : réplication, sommes de contrôle, etc. Ce paradigme est souvent interfacé avec le standard ouvert S3, où le logiciel utilisateur devient agnostique de toute préoccupation concernant la gestion des données.
Actuellement en fonctionnement au sein de l'infrastructure de Deuxfleurs, nous avons développé Garage, un gestionnaire de données, capable de les répliquer efficacement sur plusieurs sites pour se parer contre les imprévus. Publié sous licence AGPL, il est conçu pour avoir de faibles prérequis en termes de matériel et d'environnement réseau, le rendant pratique à utiliser dans un contexte non professionnel, par exemple sur des machines d'occasion derrière des connexions internet de particuliers. Les services (par exemple Peertube, Nextcloud, ou Matrix, pour citer parmi ceux testés) se contentent simplement d'utiliser l'API S3 pour quêter Garage, qui prend en charge toute la gestion nécessaire à l'exploitation de données.
Au-delà de l'aspect technique des choses, ce changement structurel sur le plan opérationnel recèle selon nous bien des perspectives quant aux potentiels d'internet. Nous avons la conviction qu'en repensant de la sorte l'organisation des acteurs sur cet espace, on peut façonner un bien meilleur rapport entre l'humain et ses outils numériques, voire entre les individus eux-mêmes.
Membre de l'association Deuxfleurs. Ingénieur en informatique, actuellement en thèse dans le sous-domaine de la sécurité.